BULETIN 6 L'IRAK DE 1990 À AUJOURD'HUI ET ... DEMAIN septembre 2010 choisissez votre langue: ENGLISH NEDERLANDS ESPAÑOL ARABIC |
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OCCUPATION YEAR 8 | |||||||||||||||||||||||||
L'IRAk: L'AGE DES TENEBRES |
UN ARTICLE DE DIRK ADRIAENSENS |
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Première partie : “Victoire !” un bilan dévastateur Au lendemain
de l’invasion de 2003, le verdict triomphaliste des médias occidentaux
était que, la guerre venait d’être gagnée, l’Irak se voyait assuré d’un
avenir radieux et démocratique. Journaliste au
New York Times, William Rees-Mogg
exultait, célébrant la victoire : « 9 avril 2003, le Jour de « Le problème
de cette guerre pour, je pense, pour de nombreux Américains, demeure que
les prémisses qui nous semblaient en justifier le déclenchement, à
savoir la détention par Saddam Hussein d’armes de destruction massive,
se sont avérés invalides », déclara aux reporters le Secrétaire à Robert
Gates reconnaît donc bien ici que cette guerre était illégale du point
de vue du droit international car il n’y avait en réalité aucun
« casus belli ». Mais dans la même phrase, il n’en déclare pas moins
que le bilan est plutôt positif pour les États-Unis. Mais qu’entend-il
par là exactement ? Comment le bilan colossal des victimes et des
destructions pourrait-il s’avérer positif pour les USA ? Et que dire des
responsabilités ? Lorsqu’on sait que l’Irak paie encore aujourd’hui des
réparations pour son invasion du Kuwait de 1990, qu’en est-il du
paiement de réparations par les USA pour les destructions infligées
illégalement à l’Irak ? « Nous avons
combattu ensemble, nous avons ri ensemble et parfois pleuré ensemble.
Nous sommes restés côte à côte, payant ensemble le prix du sang »,
déclarait le Général Ray Odierno aux officiers irakiens et aux centaines
de soldats et d’officiers américains réunis pour la cérémonie qui
mettait officiellement fin aux opérations de combat. « C’était pour les
idéaux de liberté et de justice que nous partageons »[3].
Oui, ils ont ri ensemble, comme riaient les infâmes auteurs des
« meurtres collatéraux » de l’attaque en hélicoptère de combat contre
les civils de Bagdad, en juillet 2007 – dont l’enregistrement vidéo a
été récemment publié par Wikileaks – et qui tua plus d’une
douzaine d’Irakiens, dont deux journalistes de Reuters. Quant au sang,
nul doute qu’ils l’ont effectivement versé ensemble, et fort
généreusement ! Celui de plus d’un million de mères, de pères, d’enfants
et de vieillards irakiens… Et tout cela, M. Odierno, au nom des « idéaux
de liberté et de justice que nous partageons ? » La plupart des Irakiens
ne sont pas de cet avis. Pour eux au contraire, le pays a depuis sombré
dans l’âge des ténèbres.
Les faits Depuis 1990,
début du régime de sanctions imposé par l’ONU, le taux de mortalité
infantile a augmenté de 150% en Irak. En 2008, à peine 50% des enfants
en âge d’entrer en école primaire étaient scolarisés, contre 80% en 2005
et près de 1 500 enfants étaient incarcérés dans des centres de
détention. En 2007, les statistiques gouvernementales officielles
dénombraient 5 millions d’orphelins en Irak. Plus de 2 millions
d’Irakiens sont réfugiés hors du pays et près de 3 millions sont
réfugiés (ou déplacés) à l’intérieur du pays. 70% des Irakiens n’ont
plus accès à l’eau potable. Le nombre de chômeurs (sans indemnités)
atteint officiellement les 50%, il est de 70% officieusement. 43% des
Irakiens sont réduits à un épouvantable niveau de pauvreté. 8 millions
d’entre eux auraient immédiatement besoin d’une aide d’urgence. 4
millions d’Irakiens sont sous alimentés et ont un urgent besoin
d’assistance humanitaire. 80% des Irakiens ne disposent plus d’aucun
système sanitaire (égouts et eaux usées). Les minorités religieuses sont
au bord de l’extinction[4].
Dans une récente étude commanditée par Oxfam, 33% des femmes n’avaient
reçu aucune assistance humanitaire depuis 2003 ; 76% des veuves
n’avaient reçu aucune pension ; 52% des femmes étaient sans emploi ; 55%
avaient été déplacées depuis 2003 et 55% avaient été victimes de
violences – 25,4% avaient été victimes de violences de rue, aveugles ou
indiscriminées ; 22% de
maltraitances familiales ou conjugales ; 14% avaient subi des
violences infligées par des miliciens ; 10% avaient subi des mauvais
traitements ou avaient été enlevées ; 9% avaient été abusées
sexuellement et 8% avaient subi des violences des forces multinationales[5].
En Irak, le Parlement est incapable de
fonctionner, les bidonvilles ne cessent de s’étendre, les maladies
prolifèrent de plus en plus, et on constate une véritable épidémie de
maladies mentales. Le fait que des innocents soient quotidiennement tués
fait désormais partie de la vie de tous les jours. William Blum
brosse des aspects « bénéfiques » de cette guerre, un aperçu concis et
particulièrement éloquent. « Aucun Américain ne devrait pouvoir oublier
que la nation irakienne, la société irakienne, ont été détruites,
ruinées, anéanties. Après 1991, les Américains ont bombardé douze années
durant, avec toutes sortes d’excuses, puis envahi, puis occupé [l’Irak],
en ont renversé le gouvernement, massacré et torturé la population à
leur guise… Les habitants de cette malheureuse région ont littéralement
tout perdu : leurs maisons, leurs écoles, leur électricité, leur eau
potable, leur environnement, leur vie de quartier, leurs mosquées, leur
archéologie, leur travail, leurs carrières, leurs professionnels, leurs
services publics, leur santé physique, leur santé mentale, leur système
de santé, leur couverture sociale, leurs droits des femmes, leur
tolérance religieuse, leur sécurité, leurs enfants, leurs parents, leurs
passé, leur présent, leur avenir, leurs vies… Plus de la moitié des
habitants sont morts, blessés, traumatisés, emprisonnés, déplacés ou
exilés à l’étranger… L’uranium appauvri pollue leur air, leurs terres,
leur eau, leur sang, leurs gènes… Ils en enfantent des monstres
épouvantables… Des éléments non explosés de bombes à fragmentation
gisent un peu partout, attendant que des enfants les ramassent »[6].
A ce sinistre
tableau, Hannah Gurman ajoute le défi suivant : « Quelque zèle que le
gouvernement américain puisse mettre à effacer le passé de l’Irak et à
en prédire l’avenir, les Irakiens ordinaires n’en seront pas moins
confrontés aux réalités bien plus chaotiques et complexes du présent. Je
défie Obama ou quiconque au sein de l’appareil politique américain,
d’aller en Irak et d’y regarder un enfant dans les yeux. Un enfant qui
sept ans après l’invasion américaine, n’a toujours pas de logement,
d’eau potable, de sanitaires, d’électricité ni d’école. Allez lui dire
maintenant, à cet enfant là, que la guerre d’Irak était une réussite »[7].
Il
suffit de lire cette évaluation de la
success story irakienne, par
le Dr Riad El Taher : A ce
jour, le bilan de l’aventure de Bush et Blair est le suivant : l’avenir
des Irakiens est désormais entièrement aux mains de voyous et de
profiteurs économiques. Aucun d’entre eux ne s’est jamais soucié le
moins du monde de se rendre utile aux Irakiens. A preuve, la fortune
considérable que Chalabi, Alawi, Maliki, Sistani, Hakin, Bayati,
Bachachi, Baher Alom et Rubai ont instantanément tiré de leur aventure
politique. Les ressources naturelles de l’Irak sont hypothéquées pour
les 50 années à venir, au profit de compagnies pétrolières
internationales. Les cerveaux comme les talents irakiens sont contraints
d’émigrer. Les querelles religieuses s’enveniment, encouragées par la
constitution. Les minorités religieuses – chrétiens, sabéens, etc. –
sont harcelées ou contraintes à l’exil. Les droits de l’Homme, et en
particulier concernant les femmes, sont constamment violés et ont
largement régressé, notamment dans le domaine de la santé, de la
maternité et de l’emploi. Les problèmes d’éducation, de santé,
d’environnement et de gestion des ressources en eau sont complètement
laissés de côté, et il en va de même de l’agriculture, des industries et
de la culture. Grâce à Bush et Blair, plusieurs élections
« démocratiques » se sont tenues en Irak, dont les votes furent achetés
massivement par clientélisme, menaces ou intimidation. Aujourd’hui, les
Irakiens ont accès par leurs téléphones cellulaires à de nombreuses
chaînes télévisées détenues par la pègre de La destruction
de l’Irak a produit deux millions de réfugiés mais ils ne sont pas les
bienvenus en Occident. A l’ONU, le Haut Commissariat pour les Réfugiés
s’est dit préoccupé par ce problème et a dénoncé le rapatriement forcé
systématique des réfugiés irakiens appréhendés en Europe, suite au
renvoi par avion de 61 d’entre eux à Bagdad[8].
La
contradiction fondamentale de ces « succès » est que les 100 décrets de
Bremer ont fait de l’Irak, ce cauchemar infernal pour les Irakiens, un
vaste paradis pour affairistes de tous crins. Ils ont littéralement
colonisé le pays pour le capital : pillage organisé à grande échelle, un
véritable coupe-gorge capitaliste expérimental comme arme de destruction
de masse. On n’a pas laissé aux Irakiens le moindre rôle à jouer dans la
planification et aucun des contrats de sous-traitance ne leur a été
accordé pour partager les bénéfices. La nouvelle législation économique
a institué une détaxation quasi-totale. Les investisseurs étrangers
détiennent désormais 100% des actifs irakiens, avec en prime le droit
d’expatrier l’intégralité des profits, d’importer à volonté et sans
restriction. Il bénéficient en outre de contrats et de leasings à long
terme, sur 30 ou 40 ans, dépossédant les Irakiens pour des décennies de
leurs propres ressources, mais sécurisés de telle façon qu’aucun
gouvernement ultérieur ne puisse les modifier, écrit Stephen Lendman[9].
Selon un
rapport de Transparency International, la corruption qu’on
observe en Irak est vouée à devenir « le plus grand scandale de
corruption de l’Histoire »[10].
Tandis que les Américains se retirent, ils laissent derrière eux des
centaines de projets abandonnés ou incomplets. Selon un audit d’une
agence de surveillance financière américaine, plus de 5 milliards de
dollars des contribuables américains se sont ainsi évaporés – soit plus
de 10% des quelque 50 milliards que les Américains ont dépensés dans la
prétendue reconstruction de l’Irak. Il ne s’agit d’ailleurs
manifestement que d’une sous-estimation qui repose sur l’analyse, par
l’Inspecteur Général Spécial pour Les autorités
irakiennes ont dernièrement entamé la construction d’une enceinte de
sécurité autour de la capitale Bagdad, rapporte la chaîne nationale
Al-Iraqiya TV, citant le porte-parole de la sécurité à Bagdad. Ce
mur de béton percé de huit postes de contrôle devrait être terminé vers
l’été 2011[14].
De sorte que, bien que la population de Bagdad soit d’ores et déjà
contrainte de vivre en communautés fermées (avec des barrières de
« sécurité » en béton entre chaque quartier), c’est bientôt toute la
ville qui sera enfermée et coupée du reste du pays comme une forteresse
médiévale. En mai
dernier, une étude intitulée l’Étude Mercer sur Lancé en
2007, le Global Peace Index (GPI) classe chaque
année les pays en fonction de la tranquillité qui y règne, sur la base
d’indices caractéristiques de paix ou de violence. Dans son rapport de
2009, sur 144 pays, l’Irak arrivait dernier, l’Afghanistan avant
dernier. En avril 2010, Amnesty International publiait un
rapport intitulé « Irak : compte-rendu sur les droits de l’Homme ». Leur
conclusion était que : « la situation des droits de l’homme dans le pays
reste grave. Toutes les parties du conflit en cours ont commis des abus
choquants et la population civile continue d’assumer le coût des
violences qui se poursuivent. La situation sur le plan sécuritaire est
toujours précaire en dépit de quelques améliorations en 2009.
Arrestations, kidnappings, fusillades et attaques armées contre des
civils demeurent quotidiennes ». Il n’y a
toujours aucun gouvernement digne de ce nom en Irak. Comme l’écrit Saad
Jawad, qui enseigne les Sciences Politiques à l’Université de Bagdad,
« certains analystes cyniques estiment que la situation actuelle reflète
exactement ce que visaient les États-Unis (et Israël) ou ce que
Washington avait en tête en jetant les bases de la nouvelle
Constitution. Les tensions qui divisent actuellement l’Irak continuent
d’affaiblir le pays et le maintiennent à la merci des USA, permettant à
ceux-ci d’y conserver leur rôle de puissance tutélaire afin d’y
perpétuer leur présence »[19].
Mais qui
menace réellement la sécurité de l’Irak ? Qui est à l’origine des
attaques meurtrières et des attentats à la voiture piégée ? Dans de
nombreux cas, on dénonce la complicité des forces de sécurité. Le 28
août, les forces américaines ont arrêté un député d’Ahmad Chalabi, Ali
Faisal al Lami – qui fut un temps le politicien irakien favori de
l’administration Bush – pour son implication dans une série d’attentats
qui avaient coûté la vie à des ressortissants américains et Irakiens. Al
Lami est un responsable Shiite, membre du parti Sadriste et responsable
du Justice and Accountability Committee, dirigé par Chalabi[20].
Ce que démontre cette information, c’est que les crapules qui sont venus
en Irak avec les troupes américaines et dont les milices étaient armées,
formées et financées par les USA, sont au moins partiellement
responsables des séries d’attentats qui ravagent le pays. Lorsqu’on
garde de tels faits à l’esprit, il semble ahurissant d’entendre des
responsables américains parler, au sujet de l’Irak, d’un « bilan positif
pour les USA ». Obama a proclamé la prétendue
suspension définitive de Après avoir
fallacieusement déclaré le 30 août « la fin de
Mais les États-Unis n’ont aucune intention
de payer la moindre réparation pour les destructions commises. Au
contraire : Christopher Crowley, directeur d’USAID en Irak, a lui-même
déclaré que les pressions qui exigent des Irakiens qu’ils prennent en
charge le coût du Programme d’aides aux victimes américaines faisait
partie d’un accord général sur l’ensemble des programmes d’assistance en
Irak.
Les USA “entendent obtenir l’augmentation de la contribution du
gouvernement [irakien] à ces programmes, afin qu’ils puissent être
maintenus sur le long terme », déclare-t-il. Selon Crowley, nombreux
sont ceux qui aux USA estiment que l’Irak, avec les troisièmes plus
grandes réserves mondiales de pétrole brut, a largement les moyens de
payer d’une manière ou d’une autre pour les reconstructions de
l’après-guerre. Lorsqu’on lui demande pourquoi le gouvernement irakien
devrait payer des compensations pour les victimes des opérations
américaines, il répond que les victimes « sont des citoyens irakiens »[23].
C’est littéralement incroyable : les USA exigent que ce soit le
gouvernement irakien qui paie des compensations pour l’ensemble des
morts et des destructions que la machine de guerre américaine a infligé
à l’Irak. Et les raisons qu’ils avancent sont : 1) l’Irak peut vendre
suffisamment de pétrole pour reconstruire le pays ; 2) les victimes sont
irakiennes, donc les compensations doivent être payées par… les
Irakiens ! C’est le monde à l’envers ! Commentaire d’un Irakien :
« Quelqu'un pénètre chez moi illégalement, y détruit tout ce qui peut
l’être, massacre ma famille, et exige que ce soit à moi de payer pour ce
qui a été commis ? Mais à qui on parle, là ? A des sauvages à peine
sortis de l’âge des cavernes ? »
Certes, toutes ces
destructions ont coûté énormément d’argent au contribuable américain.
« Tandis que les États-Unis mettent fin aux combats en Irak, il s’avère
que notre estimation de trois mille milliards de dollars (qui incluait à
la fois le coût direct de la guerre pour le gouvernement US et l’impact
général de celle-ci sur l’économie américaine), était de toute façon
sous-évaluée. Par exemple, le coût de l’indemnisation des vétérans –
diagnostics, soins, versement de compensations, s’avère supérieur à nos
prévisions », écrit Joseph Stiglitz dans le Washington Post[24].
Un rapport publié en Inde par le Groupe de Prévision Stratégiques, dans
un ouvrage intitulé Le coût des conflits du Proche-Orient,
calcule en outre que, sur les 20 dernières années, ces conflits ont
coûté aux nations et aux populations de la région plus de 12 mille
milliards de dollars. Ce rapport précise que le Proche-Orient a
enregistré « une forte augmentation des dépenses militaires au
cours des 20 dernières années, et qu’il est désormais considéré comme la
région la plus lourdement armée du monde »[25].
Imaginez les mêmes sommes dépensées en infrastructures rurales et
urbaines, en réservoirs, en systèmes de désalinisation et d’irrigation,
en reforestation, en pisciculture, en médecine et santé publique, en
logement, en information et technologie, en emplois, en programmes
d’intégration équitable de villes et de villages, en réparation des
ravages des guerres, plutôt que dans des armes qui ne peuvent que semer
la destruction. L’insupportable légèreté des services
publics irakiens Comme nous
l’avons vu plus haut, la très grande majorité des Irakiens n’ont plus
accès aux services de première nécessité, tels que la distribution d’eau
potable, le ramassage des ordures ménagères, un réseau électrique
fiable, un réseau d’égouts fonctionnel, l’emploi, le système de santé,
etc. L’Irak a d’ores et déjà sombré dans l’âge des ténèbres, non
seulement au sens figuré mais même au sens le plus littéral du terme,
car même la lumière est devenue une denrée rare. Des plaintes de plus en
plus nombreuses dénoncent des coupures de courant qui réduisent
l’alimentation électrique publique à seulement quelques heures par jour.
Le 22 août dernier, les forces de l’ordre irakiennes ont eu recours aux
canons d’eau et aux matraques pour disperser les manifestants dans la
ville irakienne du Sud, Nasiriyah, et réprimer les émeutes qui avaient
éclaté en protestation contre les coupures de courant, qui handicapent
toute activité, et contre l’insuffisance des services publics. Des
protestations similaires avaient déjà eu lieu à Nasiriyah en juin
dernier lorsque 1 000 manifestants avaient essayé de prendre d’assaut le
siège du Conseil Régional défendu par les forces de l’ordre, ainsi qu’à
Bassorah, où deux personnes avaient été tuées lors d’affrontements avec
la police[26].
Des émeutes similaires ayant éclaté pendant tout le mois de juin contre
les pénuries d’électricité dans plusieurs villes d’Irak, le ministre
Kareem Waheed fut finalement contraint de
démissionner[27].
Il fut remplacé par
Hussain al-Shahristani, ministre irakien du
Pétrole, débarqué en Irak en 2003 dans le sillage des chars américains
et britanniques. Il publia alors un décret interdisant toute activité
syndicale et suspendant toute forme de coopération ou de pourparlers
avec les syndicats de l’électricité publique. Il a lui-même supervisé
les opérations de police imposant la fermeture des bureaux des syndicats
et la confiscation de tout ce qui s’y trouvait : documents, mobilier,
ordinateurs, etc. Akram Nadit, Représentant International de la
Fédération des Syndicats et Conseils d’Ouvriers en Irak (http://fwcui.org/french/french.html),
a alors lancé un appel à la population, lui demandant d’adresser des
lettres de protestations à Al-Shahristani : « Cet ordre est une
violation patente de la réglementation
internationale du
travail que votre gouvernement est tenu de faire respecter. Nous donc
faisons appel vous pour que cette situation soit rétablie et qu’on mette
fin à cet assaut contre les syndicats irakiens »[28]. Après la
campagne de bombardement de l’Opération Tempête du désert
de 1991, les centrales électriques et les lignes à haute tension
irakiennes étaient détruites à 91% : soit 95 centrales électriques ainsi
que l’intégralité des lignes de
400 000 et 135 000 volts. La distribution du
pétrole était totalement stoppée et les sites de forage de Kirkuk, au
Nord du pays et de Rumaila au Sud, ainsi que les raffineries, stations
essence et sites de stockage du pétrole pour l’export des ports
pétroliers d’Umm Qasr et de Fao étaient intégralement détruits. Les
Irakiens parvinrent néanmoins à rétablir l’électricité en à peine six
mois, en dépit des sanctions drastiques imposées au pays. La campagne de
reconstruction qui suivit la fin des hostilités en mars 1991 fut un
véritable exploit aux dimensions stupéfiantes. A l’heure actuelle, sept
ans après la « libération », les principaux services publics ne
fonctionnent toujours pas correctement.
Un bloggeur irakien écrivait récemment
: « Sous le précédent ministre, nous avions généralement droit à deux
heures d’électricité puis quatre heures de coupure. Ce qui nous faisait
en moyenne huit heures d’électricité par jour. Parfois c’était moins que
ça. Aujourd’hui, sous
Shahristani, on a moins de quatre heures
d’électricité par jour pendant l’infernal été irakien où, plus de trois
mois durant, la température ne descend jamais au-dessous de 50°C. Le
grand vizir a trouvé une explication à ce problème et une solution
simple pour résoudre le dilemme de l’électricité. Il estime que nous,
les Irakiens, nous gaspillons l’électricité, et que dans chaque maison
toute la famille devrait se rassembler le soir dans une même pièce et y
dormir ensemble. Je ne sais pas comment il peut seulement dire
une chose pareille ou même imaginer une solution aussi honteuse »[29].
A vrai dire, la chaleur torride de l’été,
Shahristani ne s’en soucie guère. Ces chiffres donnent une idée des
salaires de certains pontes irakiens : environ 700 000 $ US par an pour
le Président et quelque 600 000 $ US pour les Vice-présidents – quoique
selon certaines agences de presse irakiennes l’ensemble des revenus
mensuels du Vice-président
Adel Abdul Mahdi atteindrait le million
de
dollars US. Le salaire d’Al-Maliki [le Premier Ministre]
est, lui, identique à celui du Président irakien. Le Président du
Conseil de la Magistrature touche environ 100 000
dollars US
par mois (sans compter les allocations). Leur retraite s’élève à 80% du
montant de leur dernière paie, et ce jusqu’à la fin de leurs jours[30].
Liberté ? Justice ? Deuxième partie : L’interminable
occupation et ses effets pernicieux.
Quel retrait ? Lors même que
le Président Barack Obama annonçait la fin des
combats en Irak, les forces américaines poursuivaient leurs opérations
militaires, malgré la prétendue fin de leur mission de combat en Irak.
Le 1er septembre, les soldats américains prenaient d’assaut
un village du Nord, tandis que leurs supplétifs irakiens en pillaient
les maisons et y arrêtaient des dizaines d’insurgés présumés[31].
« A l’instar de la Grande
Muraille de Chine », disait l’Ambassadeur Hill, « l’Ambassade US de
Bagdad est l’une des choses qu’on peut voir à l’œil nu depuis l’espace.
Je veux dire… elle est énorme ! »[32].
C’est le moins qu’on puisse dire ! S’étendant sur plus de 420 km2, c’est
de très loin la plus grande ambassade du monde. Outre ses six immeubles
résidentiels, elle dispose d’une piscine de luxe, ainsi qu’une
installation de traitement de l’eau et d’uns station d’épuration.
(…)
Le Département d’État a exigé la présence d’une véritable mini armée
pour protéger cette petite Amérique fortifiée – avec notamment 24
hélicoptères Black Hawk et une cinquantaine de véhicules anti-bombes[33]. Après ce mois
de retrait, il restera encore 50 000 soldats américains dans 94 bases
militaires US d’Irak, pour « conseiller » et former l’armée irakienne, «
assurer la sécurité » et encadrer des missions
« contre-insurrectionnelles ». Environ 5 800 d’entre eux appartiennent à
l’armée de l’Air a déclaré le Major-Général Joseph Reynes,
directeur de l’Air
Component Coordination Element for U.S. Forces-Iraq[34].
Dans le même temps, le gouvernement américain
ne fait pas que changer l’étiquette de l’occupation, il la privatise
aussi. Quelque 100 000 supplétifs privés [contractors] travaillent pour
les forces d’occupation, dont plus de 11 000 sont des mercenaires armés.
Ce sont presque exclusivement des ressortissants de pays tiers
et assez souvent de
pays en voie de développement. Un Péruvien et
deux Ougandais d’une compagnie de sécurité ont été tués il y a une
quinzaine de jours lors d’une attaque à la roquette sur la Zone Verte[35].
Bien que le Pentagone réduise drastiquement
ses forces de combat en Irak, l’armée américaine n’en prévoit pas moins
de contrôler plus étroitement la couverture médiatique de ce qui s’y
passe et la manière dont elle est présentée au public, en Irak aussi
bien qu’aux USA
[ou en Europe]. « Il
est essentiel pour le succès du nouveau gouvernement irakien et de la
mission des forces américaines en Irak, que tous deux communiquent
efficacement en direction de nos publics stratégiques (à savoir le
public irakien, arabe, international, américain et les forces
américaines stationnées en Irak), afin d’assurer à nos principaux thèmes
et messages un soutien optimum », claironnait le texte d’un appel
d’offre pour une équipe de 12 experts civils destinée au secteur des
« services de gestion des communications stratégiques » en Irak[36].
De toute évidence, la guerre et l’occupation
continueront jusqu’à ce que le peuple irakien et le reste du monde
imposent à Washington un retrait total d’Irak. La population des
États-Unis a donc le devoir moral d’organiser un vaste mouvement
d’opposition politique particulièrement déterminé contre l’actuelle
occupation de l’Irak et la guerre qui y est menée par le gouvernement
des Etats-Unis. Inutile d’imaginer que l’administration Obama ou aucune
autre ultérieure quitte un jour l’Irak de son propre gré, conclut
Kenneth
J. Theisen du
groupe américain anti-guerre
World Can’t Wait[37]. La Résistance Populaire Nationale irakienne a récemment intensifié ses
activités contre l’occupation : Selon le Général de Brigade
Ralph O. Baker, commandant en second des Forces
Américaines du centre de l’Irak, le nombre d’attaques à la roquette ou
au mortier contre la Zone Verte fortifiée et l’aéroport de Bagdad a lui
aussi fortement augmenté. Le Général Baker déclarait récemment qu’il y
avait eu une soixante d’attaques de ce genre au cours des deux derniers
mois, contre « deux ou trois » seulement dans les mois précédents[38]. La honteuse sous-évaluation
du bilan des victimes civiles
Voici quelques exemples : sur 34 000 médecins inscrits en Irak, 20 000
ont quitté le pays suite à l’invasion américaine[40]. Depuis avril 2009, moins de 2 000
médecins y sont revenus et le même nombre y a été tué pendant la guerre[41]. Dans sa base de données, Iraq
Bodycount signale seulement 70 médecins tués en Irak[42], ce qui signifie qu’ils ont pris en
compte à peine 3,5% du nombre réel des médecins victimes du conflit. 108
intellectuels universitaires apparaissent dans leur base de données. Le BRussells
Tribunal possède une liste non exhaustive de 448 universitaires
assassinés[43],
établie par recoupement de diverses sources. Bien que cette liste soit
loin d’être complète,
Iraq Bodycount
mentionne à peine 24% du nombre des universitaires
assassinés dont le BRussells
Tribunal ait pu réunir les noms. La catégorie
de victimes la mieux suivie de ce conflit est sans doute celle des
journalistes.
Le BRussells
Tribunal a pu dresser une liste de 354 de professionnels des médias
victimes de la guerre[44].
En septembre 2007, M. Habib al-Sadr, directeur
général d’Al-Iraqiya
[la chaîne de télévision nationale irakienne],
confiait à l’AFP que depuis sa prise de fonctions en 2005, au moins 75
membres de son personnel avaient été tués et 68 autres blessés[45].
A l’époque,
la liste du
BRussells Tribunal consacrée aux
professionnels des médias contenait moins du tiers de son total actuel.
Mais pour Iraq Bodycount, le cumul dans cette catégorie ne
dépasse pas 241 morts. Auteur
de deux importantes études sur la mortalité en Irak, publiées dans la
revue scientifique britannique The Lancet, l’épidémiologiste Les
Roberts s’est défendu le 20 septembre 2007 contre des allégations
dénonçant ses enquêtes comme « totalement biaisées », avec cet
argument : « Présentée
lors d’une conférence à Harvard, une recherche portant sur treize pays
frappés par la guerre, a récemment montré que plus de 80% des morts
violentes survenues au cours de conflits ne sont signalés, ni par la
presse, ni par les gouvernements. Récemment cités dans Middle East
Online, des membres de l’administration de la ville irakienne de
Nadjaf expliquaient que 40 000 corps non-identifiés avaient été enterrés
dans cette ville depuis le début du conflit. Dans son discours aux
membres du Rotary Club du 5 septembre dernier – retransmis par le
réseau américain C-SPAN (Réseau câblé et satellitaire pour les
affaires publiques),
Samir Sumaida’ie, l’ambassadeur irakien aux USA, a déclaré qu’il y avait
500 000 veuves récentes en Irak. La Commission Baker-Hamilton elle-même
a constaté que le Pentagone ne signalait à peine le dixième du nombre
d’incidents violents survenus pendant le conflit. Enfin, le vénérable
institut de sondage britannique ORB a récemment publié les résultats
d’un sondage selon lequel 22% des foyers irakiens ont perdu au moins un
parent, victime des violences sous l’occupation, ce qui équivaut à un
total d’un million deux cent mille de morts. Cette découverte corrobore
assez largement les résultats d’un autre sondage effectué par la BBC en
février dernier, selon lequel 17% des Irakiens avaient perdu au moins un
de leurs proches dans le conflit. A l’heure actuelle, ce sont donc deux
sondages et trois études scientifiques qui démontrent que les chiffres
officiels et les estimations basées sur les déclarations médiatiques ont
bien occulté 70 à 95% du total des victimes de la guerre en Irak. Et
tout semble indiquer que la proportion d’occultation des faits
par les médias ne cesse
d’augmenter avec le temps »
[46]. Une note de
Sir Roy Anderson, Conseiller scientifique en chef auprès du Ministère
britannique de la Défense, insiste que « l’approche méthodologique de
l’étude [du Lancet] est solide et recourt à des méthodes que l’on peut
considérer comme étant aussi proche que possible des « meilleures
pratiques » de ce domaine, étant donné les difficultés spécifiques de la
collecte et du contrôle des données, dans les circonstances qui
prévalent actuellement en Irak ». Dans un courrier électronique
publié par le Ministère britannique des Affaires Etrangères, dans lequel
un responsable demande des précisions sur l’enquête du Lancet,
celui-ci écrit : « Pour autant, la méthodologie de l’enquête employée
ici peut difficilement être prise à défaut, c’est un mode d’évaluation
de la mortalité dans les zones de conflit qui a depuis longtemps fait
ses preuves »[47]. La polémique
autour du nombre des victimes est sans doute loin d’être close, mais
nous pouvons avancer avec certitude un excédent de plus d’un million de
décès directement imputables à cette guerre – pour la plupart de mort
violente. On peut trouver sur le site du BRussells
Tribunal un archivage non exhaustif des articles relatant les virulentes
polémiques répercutées dans la presse et les blogs au sujet du décompte
des victimes civiles de l’occupation US :
http://www.brusselstribunal.org/Lancet111006.htm
Un été noir pour les intellectuels
irakiens Le BRussells
Tribunal s’est rendu célèbre par la vaste campagne lancée en 2005, qui
visait à sensibiliser le public au sort des intellectuels irakiens. Le BRussells
Tribunal reçoit régulièrement d’un large éventail de sources irakiennes,
des informations complémentaires sur les exécutions sommaires
d’intellectuels et d’universitaires irakiens. Voici un aperçu des
principales exécutions répertoriées dans le courant de l’été : Ehab
Al-Ani : Directeur d’hôpital à Al Qa’im, tué
le 5 juin 2010 par une bombe artisanale. D’après l’enquête initiale, Dr.
Al Ani n’a pas été tué au hasard.
Ahmed Jumaa : Vice-chancelier
de l’Université islamique à Ramadi, tué le 29 juin 2010 à Hit par une
bombe artisanale. Le même jour, le professeur
Ali Sayegh Zidane, cancérologue de l’Hôpital d’Harithiya à Bagdad,
était abattu par des tireurs embusqués ou des snipers. 14
juillet 2010 : La police irakienne découvre le cadavre décomposé d’un
professeur d’université Adnan Al-Makki,
poignardé à mort, chez lui, à Bagdad. Le même jour, un autre
professeur d’université est abattu dans l’Ouest de Bagdad par des
tireurs ou des snipers. Son nom ne nous a pas été communiqué. 11 août
2010 : Tôt le matin, un groupe de tueurs fait irruption chez le
Dr. Intisar Hasan Al Twaigry, directeur de l’Hôpital d’obstétrique
Illwiyah, à Bagdad. Le Dr. Al
Twaigry est assassinée, son mari est ligoté mais laissé en vie. Les
tueurs emportent avec eux environ 20 000 dollars US.
Mohammed Ali El-Din :
Expert en pharmacologie, assassiné dans l’après-midi du 14 août 2010,
dans la région d’An Numaniya. Abattu par des tireurs ou des snipers,
Mohammed Ali El-Din était rentré
en Irak à peine quelques mois plus tôt, après un séjour d’études à
l’Université de George Washington, USA.
Dr Kamal Qasim Al
Hiti : Professeur
de sociologie kidnappé dans Bagdad le 14 août 2010, à 16 h. Quelques
semaines auparavant, il avait reçu une lettre de menaces contenant une
balle et lui enjoignant de quitter le pays. Son corps mutilé, le visage
en partie brûlé, a été retrouvé le 22 août dans le Tigre en face de la
Zone Verte, dans le district al-Karada (sous contrôle du Conseil Suprême
Islamique – Brigade Badr). Il a été torturé puis pendu. Très ouvertement
critique contre l’occupation, il était l’éditeur du journal Al
Mustaqila dont le siège avait été récemment mis à sac et qui fut
finalement interdit pour avoir dénoncé l’occupation et ses milices[48]. 28 août 2010 :
Le BRussells Tribunal reçoit
le courrier électronique suivant : « Je voudrais ajouter le nom de mon
ami très proche Dr. Samer Saleem Abbas,
abattu à bout portant dans sa clinique privée par un homme armé d’un
pistolet à silencieux, qui a froidement annoncé aux patients : « Inutile
d’attendre ou de rester dans la clinique, votre médecin est mort ! » Le
Dr. Samer a été abattu de 5 ou 6 balles, dont une dans la bouche… Il a
été tué un stylo à la main. Il était spécialiste en radiologie et
Président du département de radiologie de la section chirurgicale
Al-Jerahat de la Cité de la Médecine, à Bagdad. Nous avons donné son nom à
l’amphithéâtre de son département. Nous discutions ensemble et rêvions
de donner une nouvelle impulsion à la radiologie en Irak après la
guerre. J’espère sincèrement que ces informations vous seront
suffisantes pour rajouter son nom à votre liste ».
On ne voit toujours pas la fin de cette
campagne d’assassinats systématique des meilleurs et les plus brillants
cerveaux d’Irak. Il semble que près de 40% des Irakiens de classe
moyenne avaient déjà fui le pays vers la fin de 2006. La situation n’a
fait qu’empirer depuis, bien que la proportion de départs semble
diminuer progressivement. Les actions visant à stopper et inverser cette
fuite de cerveaux demeurent indispensables. Pour la plupart des
observateurs hélas, force est de constater que le gouvernement ne prend
aucune mesure concrète susceptible de créer les conditions nécessaires
au retour en Irak des classes moyennes éduquées. Privé de classes
moyennes, l’Irak n’a aucun avenir viable.
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