BULLETIN 4
guerre en Irak - guerre en Afghanistan - guerre
en Palestine - guerre en ... |
|
||||||||||||||||
Avril 2010 |
choisissez
votre langue:
ENGLISH
|
[email protected] | |||||||||||||||
DEMANDE AMICALE ET URGENT |
OCCUPATION YEAR 8 |
||||||||||||||||
UN GOUVERNEMENT DU SALUT EN IRAK REFLEXIONS SUR L'ASSASSINAT CIBLE LE PROJECT DE L'OCCIDENT EST RATE AFHGHANISTAN SUPPORT THE BRUSSELLS TRIBUNAL | |||||||||||||||||
ABDUL
ILAH
ALBAYATY |
LES IRAKIENS DEVRAIENT ET POURRAIENT PROCLAMER UN GOUVERNEMENT DU SALUT |
|
|||||||||||||||
En Irak, Obama a choisi
la continuation de la
criminelle ingénierie sociale.
Seule une rupture du processus politique
peut sauver l’Irak et son peuple
écrit Abdul Ilah Al Bayaty.
Tous les observateurs (les Nations-Unies, les institutions
internationales, les organisations, les
mouvements et partis arabes et internationaux,
les irakiens en dehors des cercles du pouvoir en
place en Irak) pointent du doigt et ont même
alerté la communauté internationale, les
Nations-Unies, les membres de la Ligue Arabe,
les mouvements internationaux et arabes, de la
situation tragique et des conditions de vie des
irakiens vivant sous l’occupation, de la
diminution drastique de toutes chances de vivre
une vie normale si les conditions que l’invasion
américaine a créées sont maintenues, et si le
gouvernement Al Maliki soutenu par les
Etats-Unis (EU), les leaderships kurdes et les
partis sectaires pro-iraniens maintiennent leurs
politiques de répression généralisée, de
corruption généralisée, de falsification
d’événements et de mensonges généralisés comme
justifications.
Si on analyse le nombre de votes par liste et par thème, on peut tout de
suite voir que le projet de mouvement
anti-occupation pour un Irak unifié a remporté
le plus de succès et que donc il est la première
force politique du pays:
Les votes à Kirkuk, Mosul, Diyala et Salaheddin prouvent que les plans
kurdes d’expansion ne reçoivent pas l’aval de la
population de ces départements. Les partis
purement religieux, qui rêvent d’un état
religieux, ont récolté moins de 2.5 millions de
votes sur un total de 12 millions alors même que
pendant sept ans ils ont utilisé le pouvoir pour
leur propre bénéfice avec la bénédiction des EU.
Ceux qui supportent la division de l’Irak en une
entité shiite, une autre sunnite et une
troisième kurde -c’est-à-dire le
Iraqi National Accord
(INA) et l’Alliance Kurde- n’ont pas
réussi à récolter plus d’un cinquième de tous
les votes eligibles. Il faut mentionner que les
Sadristes — qui font parties de l’INA —
se présentent comme refusant la division de
l’Irak.
|
|
||||||||||||||||
reflections | |||||||||||||||||
CULTURAL CLEANSING IN IRAQ. Why museums were looted, libraries burned and academics murdered. Pésentation du livre: Les Halles - Bruxelles - mars 2010
DESTRUCTION D’ETAT COMME OBJECTIF DE GUERRE |
STATEMENT de Roger van Zwanenberg, président et éditeur en chef de Pluto Press à l’occasion de la présentation du livre aux Halles à Bruxelles le 20 Mars 2010.
|
||||||||||||||||
RÉFLEXIONS SUR L'ASSASSINAT CIBLÉ DES UNIVERSITAIRES À L'OCCASION DE LA SEPTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA GUERRE EN IRAK. A l’approche de l’anniversaire du déclenchement de la guerre en Irak, je pense à ce que j’écrivais il y a sept ans. Cette guerre n’avait rien à voir avec la lutte contre le terrorisme mais avait été planifiée longtemps à l’avance, non pas en vue d’une démocratisation de l’Irak mais plutôt de sa destruction. On a ouvertement raillé ce point de vue. On me considérait au mieux comme naïve ou pathétique dans ma colère mais pas à la hauteur de la politique mondiale.
En vue de la préparation d’une soirée commémorative de ce
septième anniversaire du 20 mars, je suis en
train de lire un livre: Nettoyage culturel
en Irak. Pourquoi les musées furent pillés, les
bibliothèques brûlées et les universitaires
assassinés ? (1) L’hypothèse de base, que vous le croyiez ou pas, était que cette guerre
avait dès le départ comme unique objectif la
destruction de l’Etat irakien. Mais il y a plus
: l’épuration culturelle, le pillage des musées,
l’incendie des bibliothèques et l’assassinat des
universitaires faisaient partie intégrante de la
stratégie de guerre, affirment les auteurs.
|
J’ai essayé de
leur demander de chercher au-delà des mythes
populaires et d’expliquer en profondeur pourquoi
une telle invasion a eu lieue. C’était dans les
années 70. Plus tard quand j’ai commencé à
publier des livres, j’ai mis du temps à
remarquer que les super puissances
d’aujourd’hui, les Etats-Unis, ses alliés, la
Grande-Bretagne et l’OTAN, s’étaient remis à
coloniser. Cultural cleansing in Irak, arrive à remplir ce manque comme aucun autre livre dont j’ai connaissance. Le livre illustre les décisions qui ont été prises – quelques unes étaient dans les failles du US-gouvernement - de détruire complètement l’ancienne société. Le but des envahisseurs n’était pas juste de renverser Saddam Hussein, ce n’était que d’importance secondaire. Non, le but a été de détruire les structures du pays, les gens, l’intelligentsia et la classe moyenne. Une société urbaine et mature et a été mise à néant. Les envahisseurs modernes qui ont pris l’Irak ont agis tels les barbares qui par le passé anéantissaient villes et civilisations. Cultural cleansing in Irak démontre tout cela dans leurs détails les plus horribles. C’est exactement pour cela que je suis fier et heureux que Pluto Press ait été choisi par Raymond Baker et Tareq Ismael pour être leur éditeur. Bien sûr, nous sommes aussi très reconnaissants du BRussells Tribunal qui travaille intensément à rendre public cet événement horrible de notre temps. CULTURAL CLEANSING IN IRAK. Pourquoi les musées ont été pillés, les librairies brulées et l’intelligentsia assassinée. Edité par Raymond W. Baker, Shereen T. Ismael et Tareq Y. Ismael |
||||||||||||||||
raté | |||||||||||||||||
LE PROJET DE L’OCCIDENT POUR L’IRAK EST RATÉ |
Interview HANA AL BAYATY
par Gie Goris – MO |
||||||||||||||||
24 mars 2010 (MO) -
Hana Al-Bayaty fait des documentaires.
Elle ecrit aussi des pièces d’opinion pour
l’hebdomadaire égyptien Al Ahram. Elle a
vécue à Bruxelles pendant quelques années et a
aidé à organiser le BRussells
Tribunal lors de l’invasion en Irak.
En ce moment elle vit au Caire. Le MO* l’a
rencontrée a l’occasion du septième anniversaire
de l’invasion mais aussi pour la parution du
livre “Cultural Cleansing in Iraq- Why
museums were looted, libraries burned and
academics murdered”.
Ce livre démontre que la guerre en Irak avait pour but
de détruire le pays
Hana Al Bayaty: Je pense que le projet de détruire l’Irak remonte à
1990 et aux sanctions imposées contre ce pays.
Elles avaient pour but de le démanteler, mais
comme cela n’a pas vraiment marché, ils ont
alors décidé d’occuper l’Irak. Ce n’est pas un
processus qui a commencé en 2003. Le traitement
préférentiel du Nord (majorité kurde) dans les
années 90 était aussi une tentative de diviser
le pays. L’invasion avait pour but de détruire
les institutions étatiques. C’était seulement
pour annihiler l’Etat. C’est alors que
l’occupation a introduit le sectarisme. Les
irakiens ne s’identifiaient pas en tant que
chiites ou sunnites mais plutôt comme
nationalistes, communistes ou éventuellement
islamistes, y compris le parti Baath-parti de
Saddam Hussein non sectaire- qu’on peut blâmer
de beaucoup de choses, mais sûrement pas de
sectarisme. On a découvert par la suite que 58%
du parti Baath était de confession chiite.
Avant l’Irak était un partenaire de l’Occident.
Pourquoi cette invasion?
Hana Al Bayaty: Il y a plus d’une raison. L’idée de dominer l’Irak et
les autres pays arabes vient de la menace qu’ils
représentent pour Israël. L’Irak était très
riche et a toujours été un carrefour entre
l’Europe et la Chine, entre la Turquie et le
Golfe et entre l’Iran et l’Egypte. Et donc
naturellement celui qui contrôle l’Irak peut
avoir une immense influence sur les marchés
mondiaux. Les États-Unis voulaient avoir ce
pouvoir. C’était donc logique de commencer par
l’Irak. Un deuxième point est que l’Irak était
un pays prospère et donc avait le plus de chance
de devenir un pays démocratique.
Cette possibilité n’était pas en vue sous Saddam
Hussein?
Hana Al Bayaty: il y avait une large classe moyenne qui était très
éduquée. Le gouvernement avait nationalisé le
pétrole, investissait dans l’éducation et la
santé, et avait une armée forte, ... Ils avaient
tout pour devenir un leader du
monde arabe. Dans tous les cas il y
aurait eu naturellement une transition. En Irak,
le rôle de la femme avait été amélioré et elles
étaient les plus libres dans la région. Le crime
de l’Irak a été de nationaliser le pétrole.
C’est la raison pour laquelle l’Occident a
détruit l’Irak. Ca n’avait rien à voir avec
Saddam Hussein.
Quand Saddam Hussein est arrivé au pouvoir il y avait
beaucoup de sympathie pour le parti Baath,
surtout depuis que le parti communiste avait
suivi la position de l’Union Soviétique et ainsi
reconnu l’existence d’Israël. Le peuple a
considéré
cette décision comme une trahison. C’est
donc de la faute des partis de gauche, cela
n’avait aucun lien avec le fait d’être
pro-américain ou non.
Saddam est quand même en partie responsable pour le
déclin de l’Irak?
Hana Al Bayaty: Ca a commencé par la purge que Saddam a entrepris dans
son propre parti. Evidement il y a le Koweït.
Récemment la partie orthodoxe du Baath a reconnu
que l’invasion du Koweït avait été une erreur.
Sur la guerre Iran-Irak (1980-1988) les avis
sont encore partagés. L’Iran et l’Irak ont été
en conflit permanent dans l’histoire. A l’époque
contemporaine, le principal problème était le
caractère expansionniste de la Révolution
Islamique en Iran qui ne reconnait pas la
souveraineté des Etats. Ca a été un facteur très
déstabilisant dans un pays avec autant de
chiites qu’en Irak. Mais l’Irak est tellement
laique que les chiites irakiens ont combattus
l’Iran pendant huit ans. Même lors des élections
de ces dernières années les irakiens ont
démontrés qu’ils étaient laiques.
Mais il y avait de sérieuses oppositions entre les
kurdes et les arabes, les habitants du sud de
l’Irak et l’élite au pouvoir proche de Saddam
Hussein...
Hana Al Bayaty: Dans les années 90 des pouvoirs
occidentaux ont entrainés des milices dans le
nord qui voulaient s’engager dans une invasion
de l’Irak.
Ils espéraient aussi un soulèvement populaire
pro-occidental, mais ils n’ont pas pris en
considération la longue histoire des mouvements
nationaux qui ne menaçaient pas l’unité de
l’Irak. On ne peut pas comparer l’Irak à la
Yougoslavie car ce dernier a toujours été un
état fédéral alors que l’Irak est depuis
longtemps unifié. Peut-être il y a un besoin de
plus de décentralisation ou de démocratie
locale…
L’Irak est héritier de différentes civilisations, c’est
une très vieille société avec beaucoup de
diversités et de couches. Les milices soutenues
par l’occupation qui ont installées la violence
après l’invasion veulent précisément morceler
tout ce qui rassemble ou unifie les irakiens.
Ils détruisent les symboles et tuent
l’intelligentsia. Les américains ont dépecer
l’armée nationale et veulent créer une nouvelle
armée basée sur ces milices -
qui elles aussi s’opposent
à un Irak unifié. Elles croient à un confédéralisme ou à une sorte
d’autonomie, mais aucune ne peut représenter
l’idée d’un Irak uni.
Le morcèlement de l’Irak ne s’est en tous les cas pas
produit. Mission échouée pour les Etats-Unis?
Hana Al Bayaty: Je ne pense pas qu’ils s’attendaient à
tant de résistance. Leur réponse à cette
résistance a été très violente avec comme
résultat, au minimum: deux millions de morts et
cinq millions de réfugiés. Si le but était de privatiser à nouveau le pétrole
alors c’est un échec. Si le but était de
transformer l’Irak en une fédération faible
alors c’est aussi un échec. Les médias
occidentaux disent que la situation est
maintenant stabilisée, qu’il n’y a plus de
résistance. Mais ceci n’est absolument pas vrai.
Les considérations stratégiques de diminuer les
attaques contre l’occupation et le gouvernement
actuel n’étaient qu’une question de timing. A ce
moment là, c’était les élections américaines:
les derniers mois du mandat de Bush et les
premiers mois d’Obama, il n’y avait aucune
raison de sacrifier des combattants puisque cela
n’aurait pas mener à un changement de politique.
Est-ce que la résistance est irakienne? Quel est
l’importance de la participation étrangère?
Hana Al Bayaty: “La participation étrangère” est
risible.
Même l’armée américaine dit qu’il s’agit de
seulement 2% des combattants. En Afghanistan
c’est la même chose. Et, malheureusement, la
solidarité internationale n’a pas joué un grand
rôle pour soutenir la résistance.
Vingt ans après la première Guerre du Golfe et sept ans
après l’invasion par les troupes
anglo-américaines il faut encore imaginer un
futur . Comment peut-il être vu?
Hana Al Bayaty: Une amélioration ne viendra qu’à partir
du moment où l’occupation prendra fin et lorsque
toutes les troupes étrangères seront parties. Il
faut que le gouvernement actuel soit remplacé
par un gouvernement intérimaire et que des
élections libres soit organisées. La base du
gouvernement intérimaire devra être formée avec
le soutien de la résistance et un espace pour
d’autres patriotes. Par exemple le mouvement anti-occupation a donné, lors
des dernières élections, son soutien à la
coalition autour d’Ayad Allawi. Cela prouve que
tout et tout le monde ne doit pas forcément
venir du noyau dur de la résistance.
Ensuite nous avons un besoin urgent de relations
stables avec les pays voisins car actuellement
ils posent une réelle menace car ils s’ingèrent
trop dans les affaires du pays et le résultat
peut être une guerre civile. En particulier
l’Iran, mais aussi la Turquie, l’Arabie Saoudite
… jouent avec le feu. Et ça l’Irak pourrait bien
s’en passer.
|
|||||||||||||||||
afghanistan | |||||||||||||||||
THE BRAVEST WOMAN IN AFGHANISTAN INTERVIEW WITH MALALAI JOYA |
|
||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||
BRUXELLES –
L’autobiographie de
Malalai
Joya, politicienne et activiste pour les
droits des jeunes femmes afghanes, est un cri de
colère. Elle a survécue à cinq assauts et vit
cachée dans Kabul. Malgré tout elle reste
optimiste. “Arrêtez les bombardements et ne
financez plus les seigneurs de guerre. Alors
seulement les voix démocratiques oseront se
lever.” Interview par Christophe Callewaert
pour De Wereld Morgen.
Lorsque je l’ai rencontrée dans un hôtel bruxellois elle paraissait
exténuée. C’est difficile d’imaginer que cette
femme petite et frêle est la cible numéro 1 de
tous les extrémistes d’Afghanistan. Depuis
qu’elle a prise la parole librement à une
Loya Jirga –la grande rencontre des chefs
tribaux pour faire une ébauche de la
constitution- elle est considérée par ses
ennemis comme “une morte
vivante”.
Elle a déjà survécue à cinq assauts. Une fois elle a
vue une bombe a explosé prématurément et le pont
sur lequel elle devait passer en voiture partir
en fumée. Malgré tout, elle vit toujours en
Afghanistan.
Malalai Joya: "Je vis à Kabul
mais, malheureusement, je ne mène pas une vie
normale. Je déménage tout le temps entre
différentes maisons sécurisées. Je n’ai pas de
bureau pour recevoir les gens. J’ai mêmes des
gardes du corps mais ça reste très dangereux. Et
maintenant que j’ai écrite ce livre, les
extrémistes vont encore plus me menacer. Ils
savent que je ne vais jamais accepter un
compromis, et qu’ils ne seront jamais d’accord
avec moi, alors ils veulent absolument
m’éliminer. Je fais de mon mieux pour que cela
n’arrive pas."
Vous pouvez encore faire de la politique?
Malalai Joya: "Je suis souvent
invitée dans des provinces éloignées ou à des
manifestations publiques dans Kabul, mais c’est
vraiment trop dangereux. Ma vie est clandestine.
Je reçois quelques fois des personnes dans des
endroits tenus secrets mais pour pas plus de
trois heures, question de sécurité. Si mes
ennemis voulaient me mettre au silence, ils
n’ont obtenus que l’effet inverse. Chaque menace
prouve leur faiblesse politique."
"Ma situation devrait réveiller tout le monde" ajoute
Malalai Joya. "Sous les talibans, je pouvais
encore donner des cours secrètement à des jeunes
filles. Maintenant, je ne peux aller nulle part,
même avec des gardes du corps. Quelle preuve
demander de plus pour voir que cette guerre
contre le terrorisme n’est qu’une immense
plaisanterie. La libération de la femme n’était
apparemment qu’une excuse pour envahir notre
pays."
Malalai Joya s’est faite connaître en décembre
2003.Elle venait alors d’être élue députée dans
le Loya Jirga pour faire l’ébauche d’une
nouvelle Constitution. Malalai Joya n’avait que
25 ans mais était déjà très connue comme cheffe
de la
santé. Neuf années plus
tôt, elle retournait en Afghanistan depuis le
Pakistan où elle a vécue et grandie dans un camp
de réfugiés. Toujours adolescente sous les
Talibans, elle donnait secrètement des cours à
des femmes et à des jeunes filles.
Dans votre premier discours, lors de la Loya Jirga,
vous
vous en êtes prise sérieusement à quelques uns
des personnes présentes. Pourquoi étiez-vous
tellement en colère ?
Malalai Joya: " J’ai été
choquée de voir tant de criminels de guerres
présents à cette rencontre. C’est clair
que je redoutais fort que la Loya
Jirga ne
serait qu’un pot-au-rose de l’occupation
américaine. Mais ce que j’y ai vu était pire que
ce que j’avais pu imaginer. Il était clair alors
pour moi que les Etats-Unis (USA) et ses alliés
n’avaient fait que remplacer les talibans par
des seigneurs de guerre. Ceux-là même qui sont
responsables de la guerre civile après le
retrait de l’Union Soviétique. »
Qui sont ces seigneurs de guerre?
Malalai Joya: "Les seigneurs
de guerre ont reçus des millions de dollars du
CIA et de l’ISI (services secrets pakistanais)
pendant la Guerre Froide. A cette période là ils
n’étaient pas très sympathiques avec mes gens.
Malgré tout, tout le monde, même les
intellectuels et les progressistes, combattait
l’occupation russe. Mais une fois que l’Union
Soviétique avait quittée l’Afghanistan, ils ont
montrés leur vrai visage. Hekmatyar, Massoud,
Hatim, Rashid Dostum, ... toutes ces
marionnettes aux mains des USA ont commises des
crimes atroces."
"Vous pensez que tout a commence avec les Talibans,
mais c’est un mensonge. Les atrocités ont
commencées avec les seigneurs de guerre. Au nom
de l’Islam ils ont abolis les droits des femmes.
Même les plus jeunes filles n’étaient pas en
sécurité avec ces violeurs. Ils ont pillés les
musées et les librairies ont été brulées. Ils
ont assassinés plus de 65.000 personnes. Ils ont
transpercés les têtes des opposants avec des
clous
. Ils ont arrachés
la poitrine des femmes."
"Le pire est qu’ils ont peut-être réussis à détruire
l’unité nationale. Ils ont tous combattus au nom
d’un groupe ethnique. La situation était
tellement horrible que les afghans étaient
soulagés de voir les talibans prendre le pouvoir
et mettre fin à l’empire des seigneurs de
guerre. Bien sûr ils ont vite étés désenchantés
car à nouveau un gang de meurtriers avaient pris
le pouvoir. En 2001, quand les talibans ont été
éjectés du pouvoir, l’espoir était revenu mais
pour un court moment. Le 28 Avril a été déclaré
le Mujahedeen Victory Day (le jour où en
1992 la guerre civile avait commence) alors que
cette date devrait représenter pour tous les
afghans un jour de deuil national."
Vous appelez Ahmed Shah Massoud un seigneur de guerre.
N’est-il pas un héros national pour
l’Afghanistan?
Malalai Joya: "Massoud est un
très bon exemple du « avant terroriste et
maintenant héros pour les
américains ».
En Afghanistan on appelle ce héros le « boucher
de Kaboul » parce qu’il a commis un nombre
immense de massacres et de ravages. Une rue dans
Kaboul porte son nom mais personne ne l’utilise
parce qu’il est haï. La CIA et le gouvernement
français veulent nous pousser à voir Massoud
comme un héros, mais les héros naissent dans le
cœur des gens et pas dans les ministères des
affaires étrangères."
Ne voudrais-tu pas leur donner une chance? Peut-être
ils montreront alors du remord ?
Malalai Joya: "Huit années ont
été suffisantes pour voir comment ils traitent
mes gens. Quand les talibans ont pris le
pouvoir, les seigneurs de guerres se sont
terrés. Avec les millions de dollars qu’ils ont
reçus du CIA ils se sont caches dans des
cavernes. Après le 11 septembre 2001 ils sont
ressortis et se sont comportés comme des loups
mais cette fois-ci habillés comme des moutons.
"
"Maintenant ils sont même prêts à négocier avec les
talibans. En réalité, ils n’ont aucun problème
ensemble. Certains se réfèrent à l’Afrique du
Sud : Mandela a bien aussi serré la main de ses
ennemis. Oui, il y a des victimes qui pardonnent
leur bourreau. Mais en Afghanistan ce sont des
terroristes qui serrent la main d’autres
terroristes."
En 2005 vous avez été élue au parlement. Deux années
plus tard vous avez été suspendue parce que vous
auriez offensé des parlementaires. Ils
exigeaient des excuses de votre part. Pourquoi
avez-vous refusé?
Malalai Joya: "En Afghanistan
c’est la loi de la jungle qui règne. Est-ce si
mal de comparer le parlement à un zoo ?
D’accord, tous les parlementaires marchent sur
deux pieds, mais les seigneurs de guerre parmi
eux sont plus sauvages que les animaux. Eh,
heureusement que les animaux ne peuvent pas
porter plainte sinon ils m’auraient poursuivis
pour les avoir comparés avec ces criminels.
"(Rires)
"J’étais assise là parmi des massacreurs de masse.
C’est impossible que je trouve un compromis avec
eux. Je pense même qu’ils ne savent pas ce que
ça veut dire. Et que diraient mes partisans si
je ne levais pas ma voix ? Oups, est-ce que
notre Malalai serait aussi une corrompue? Non,
je ne pouvais pas m’excuser simplement parce que
ce que j’ai dit est la vérité. Les élections
sont un signe de démocratie mais malheureusement
après huit ans, les afghans voient bien que ce
ne sont que des outils aux mains des occupants
et des seigneurs de guerre pour leur donner une
légitimité aux crimes qu’ils commettent. "
Le président afghan Hamid Karzai vous a dit qu’il était
d’accord avec vous. Croyez-vous en lui?
Malalai Joya: "Hamid Karzai
est une marionnette effrontée. Il a fait un
compromis avec les terroristes les plus cruels
et les a permis de dominer son gouvernement.
Maintenant il veut aussi inclure les talibans
dans son cabinet."
Est-ce que vous regrettez que son opposant Abdullah
Abdullah se soit retiré des élections?
Malalai Joya: "Abdullah
Abdullah est aussi un bon ami des seigneurs de
guerre. Je pense même qu’il soit plus dangereux
que Karzai. Abdullah est un fervent partisan du
fédéralisme, ce qui créerait un désastre pour
l’Afghanistan. Le pays serait plus facilement
balkanisé. Ne perdons pas plus de temps avec ce
genre de personne qui blablate à propos de la
démocratie mais qui sont en réalité des
ennemis."
On dirait que personne n’est crédible. N’êtes-vous pas
trop dure ?
Malalai Joya: "Il y a beaucoup
de progressistes et d’intellectuels dans mon
pays mais ils doivent vivre clandestinement à
cause de la guerre. Si les bombardements
s’arrêtent et que les seigneurs de guerre ne
sont plus supportés, alors les démocrates
oseront élever leur voix. Maintenant ils n’ont
aucune opportunité de le faire. C’est aussi la
faute des médias qui ne veulent pas faire de
reportage sur ce qui se passe réellement en
Afghanistan. Avez-vous déjà vu une manifestation
de professeurs sous payés à la télévision ?"
Si les troupes étrangères s’en vont, l’Afghanistan
risqué d’être déchiré par une guerre civile.
Malalai Joya: "Qu’est-ce que
vous faites avec la guerre civile qui est déjà
là? Ils nous ont placés entre un roc et un
endroit dur à vivre et ils appellent ça la
démocratie.
Aussi longtemps que les troupes
restent en Afghanistan il y aura une guerre
civile. Les bombardements de l’OTAN tuent
beaucoup de civiles dont la plupart sont des
enfants et des femmes. Les USA se targuent en
disant qu’avec leurs équipements ils peuvent
trouver une fourmi, mais savent-ils pas faire la
différence entre un enfant et un taliban? Et
c’est ça le moyen de stopper une guerre civile ?
C’est très simple. Ne donnez plus de million de
dollars à ces seigneurs de guerre et leur empire
s’effondrera. Ce sont des tigres en papier.”
Les pays occidentaux ne peuvent pas donner
l’Afghanistan et les afghans aux Talibans?
Malalai Joya: "Actuellement on
fait face à trois ennemis: les forces
d’occupation, leurs alliés et les talibans.
Alors les troupes étatsuniennes et l’OTAN
devraient se retirer le plus vite possible de
l’Afghanistan. Ca nous laisse donc deux ennemis,
c’est déjà plus simple.
Et si les
USA n’acheminent plus des centaines de million
de dollars aux seigneurs de guerre, alors leur
empire s’effondrera comme un château de cartes.
Je suis convaincue de ça parce qu’ils n’ont pas
le soutien de la population."
Mais ça ne va pas détériorer la situation des droits
des femmes?
Malalai Joya: "Les droits des
femmes ne se créent pas grâce à de la poudre à
canon. Les droits des femmes ne viendront pas de
l’utilisation des bombes à phosphores, des
bombes à fragmentations, de l’uranium appauvri
ni du bombardement de gens innocents. Les huit
dernières années il y a eu plus de citoyens
ordinaires tués par les forces d’occupation que
de combattants talibans. Des millions d’afghans
souffrent de l’insécurité, de la pauvreté, du
manque d’emplois et de l’injustice. Même à
Kaboul on n’est pas en sécurité. Bien sûr il y a
eu un changement symbolique: 68 femmes dans le
parlement. Mais la plupart sont nominées par des
seigneurs de guerre ou par des fondamentalistes.
"
"L’insécurité croissante empêche aussi les jeunes
filles d’aller à l’école. Elles risquent de se
faire kidnapper ou violer. Le fils d’un député a
violé une fille mais son père a tout fait pour
qu’il se fasse vite relâcher. De ce que vous
pouvez voir à la télévision et dans les
journaux, seuls les talibans commettent des
crimes."
Une partie des troupes belges aide aussi à la formation
de l’armée afghane. Obama espère que très
bientôt l’armée afghane pourra reprendre les
responsabilités des troupes étrangères.
Malalai Joya: "L’armée afghan
est l’ennemie des afghans. Qui dirige les
militaires ? Les seigneurs de guerre. On ne
place pas un lapin en charge du stock de
carotte. On a eu une armée volontaire, mais les
seigneurs de guerre n’accepteront jamais cela.
"
Les troupes étrangères sont aussi engagées dans la
reconstruction. N’y gagnent-ils pas de cette
manière le cœur des afghans ?
Malalai Joya: "Malheureusement
il y a aussi les seigneurs des ONG. Beaucoup
d’argent réservé pour la construction d’écoles
disparait dans la poche des seigneurs de guerre.
Beaucoup d’ONG sont corrompues. Je l’ai vu de
mes propres yeux. Il y a des écoles construites
avec les matériaux les moins chers. Ensuite des
photos sont prises rapidement pour le montrer
aux principaux médias. Mais après une année il
ne reste que peu de chose de ces écoles. Chaque
jour les USA dépensent 160 million de dollars
pour la guerre en Afghanistan. Vous imaginez ce
qu’on pourrait faire avec tout cet argent?"
Certains dissent qu’il n’y aurait qu’une solution
politique. Ne serait-ce pas une bonne idée de
négocier avec les talibans modérés dans le but
qu’ils baissent les armes ?
Malalai Joya: " Vous savez les
talibans modérés n’existent pas. Il n’y a que
des barbares et depuis peu certains sont décrits
comme modérés par Karzai. Le problème ce sont
les médias principaux qui trompent les gens.
Bush a mis un prix de 25 million de dollars sur
la tête de Hekmatyar et du jour au lendemain
Obama le considère comme un modéré qui pourrait
terminer dans le gouvernement? Encore une fois
il joue avec le future de mes gens. J’ai peur
que la politique d’Obama soit encore plus
dangereuse que celle des criminels de guerre de
Bush."
Comment les politiciens occidentaux réagissent à votre
raisonnement?
Malalai Joya: "Même si je suis
députée, je ne vois que très peu de politiciens.
J’ai été en Allemagne et mes partisans ont
urgemment demandé au gouvernement de me
recevoir. Le gouvernement a refuse en répondant:
« elle n’est plus député, non ? » Au lieu de
protester ma démission, ils acceptent la logique
de l’occupation. Ca montre que le gouvernement
allemand a peur de la vérité. Heureusement que
beaucoup de gens ordinaires sont de mon côté."
Que diriez-vous au Ministre de la Défense, Pieter de
Crem, si vous aviez une chance de le rencontrer?
Malalai Joya: " Votre pays
devrait suivre une logique indépendante. Alors
vous seriez les bienvenues dans mon pays pour le
reconstruire. Mais si les troupes étrangères
restent en Afghanistan, ils recevront leur leçon
comme les britanniques et les soviétiques l’ont
reçue auparavant. Votre pays supporte la
stratégie étatsunienne. Les USA veulent occuper
l’Afghanistan parce qu’ils leur est alors plus
facile de contrôler les deux pouvoirs
régionaux : la Russie et la Chine. En plus ils
ont accès plus facilement au pétrole et aux
réserves de gaz des républiques d’Asie Centrale.
C’est clair que vous ne voulez pas faire partie
de ça, non ?"
N’avez-vous jamais pensé à fuir l’insécurité et de
continuer votre travail dans un pays plus sûr ?
Malalai Joya: "Je ne veux pas
abandonner mes gens. Partout où je vais-je clame
qu’un pays ne peut pas être libéré par un pays
étranger. Combattre pour la démocratie et les
droits des femmes est la responsabilité des gens
qui sont concernés. Ce serait illogique de le
faire à partir de l’étranger. Je prends toutes
les opportunités de voyager pour susciter la
solidarité envers le combat des afghans. Mais si
je restais tout le temps en Occident, je serais
coupée de mes gens."
" Je ne peux pas compter sur les medias afghans pour
transmettre mon message correctement aux gens.
Avant il y avait quelques mouvements
démocratiques avec un journal mais ils ont du
arrêter les publications faute d’argent."
Pourquoi n’êtes-vous pas membre d’un des partis
existants?
Malalai Joya: "Plusieurs
partis démocratiques m’ont demandés de rejoindre
leur rang, mais je préfère rester indépendante.
Je suis une activiste sociale. Je ne me
compromettrais pas. Mais je pense à autre chose.
Peut-être est-il temps de rassembler nos forces
et de former un nouveau parti que les autres
partis démocratiques et intellectuels peuvent
rejoindre. J’y pense sérieusement. "
Allez-vous participer aux prochaines élections?
Malalai Joya: "On m’encourage
à participer aux élections parlementaires. J’y
pense aussi mais ce sera dur car je ne peux pas
mener de campagne."
Dans votre biographie, vous écrivez que les livres ont
joués un rôle important dans votre vie.
Malalai Joya: "Les livres sont
comme la lumière. J’ai été chanceuse que mon
père m’a donné l’opportunité de lire. Ces livres
ont eus un immense impact sur moi. Spécialement
le livre Gadfly (de l’écrivain anglais Ethel
Lilian Voynich, ed). Ce livre m’est très
important car il a changé ma vie. J’ai vue le
film, lue le livre et encore regardée le film."
Quels livres lisez-vous?
Malalai Joya: "j’avais
l’habitude de lire rapidement. Du temps des
talibans, je lisais 3 livres par semaines même
si je devais regarder dans le dictionnaire à
chaque phrase. Mon grand-frère ne me croyait pas
et pour me tester il a pris un jour un livre et
m’a questionné, j’ai pu répondre à tout ce qu’il
m’a posé. Ensuite ma famille m’a supportée et
m’a encourage à lire plus et à étudier.
Maintenant je lis de moins en moins. Je suis
très vite fatiguée. La vie est tellement dure.
Je ne lis plus de roman. Je dois préparer des
discours, écrire des articles et donner des
interviews."
Est-ce que vous pensez que les Etats-Unis et ses alliés
pourront un jour gagner la guerre ?
Malalai Joya: "Ils l’ont déjà
perdue."
Pouvez-vous vous imaginez un Afghanistan libre et en
paix? Malalai Joya: "je pense souvent que je ne le verrais jamais. Peut-être un jour... s’ils ne m’ont pas tué avant. "
Copyright 2010 Creative Commons |
|||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||
|